Bitcoin a connu une année 2017 prolifique, passant de moins de 1 000 $ en janvier à un peu moins de 13 000 fin décembre après avoir même connu un pic à un peu plus de 19 500 $, selon les cours compilés par CoinMarketCap. Une croissance qui a de quoi faire pâlir le S&P 500 et ses 20 % de gains en 2017. Mais 2018 pourrait bien être l’année des alts, voici pourquoi.
Les problèmes de Bitcoin profitent aux alts
Le monde des cryptos en a suffisamment parlé, et les nombreuses forks de BTC parlent d’elle-même : Bitcoin est devenu lent à transférer, mais aussi cher. Quand le réseau est congestionné, on peut monter jusqu’à 50 $ de frais de transaction. Lightning Network était censé résoudre le problème, mais son adoption semble de plus en plus incertaine. En tant que moyen de paiement, BTC est donc une solution de moins en moins attractive, ce qui a notamment poussé la plate-forme de jeux Steam à ne plus accepter Bitcoin en guise de moyen de paiement.
Certains analystes estiment que le futur de Bitcoin en tant que crypto-monnaie pourrait résider du côté de la réserve de valeur, pour endosser en quelque sorte le rôle de l’or dans le système monétaire traditionnel. Le raisonnement tient parfaitement la route, mais qui dit réserve de valeur dit stabilité du prix… à l’échelle du monde des crypto-devises, bien entendu.
La recherche du rendement va pousser les alts
Tout investisseur qui se respecte est à la recherche du rendement maximal pour ses investissements. Même si dans le monde des crypto-devises la notion de communauté est forte (ce qui pousse certains investisseurs à s’identifier à leur actif, caractéristique unique de ce marché), tout crypto-investisseur ne développe pas cette relation affective avec ses investissements. L’objectif est d’obtenir les rendements les plus élevés, et force est de constater que ce n’est pas avec Bitcoin qu’on les obtient depuis quelques semaines.
Pour illustrer ce propos, penchons-nous sur la valeur de marché globale des crypto-monnaies. Depuis novembre 2017 elle a littéralement explosé, en sautant d’environ 182 milliards de dollars à environ 800 milliards de dollars aujourd’hui. Cela signifie que la valeur de marché a globalement augmenté d’un facteur de 4,4. Si BTC n’a pas enregistré cette performance, ce qui est bien entendu le cas, cela signifie que les alts ont profité de ces injections d’argent frais. La tendance actuelle semble donc indiquer que 2018 sera bien l’année des alts, la baisse constante de la prépondérance de Bitcoin (Bitcoin dominance) désormais largement en dessous de 40 % semble corroborer ce scénario.
L’innovation perturbatrice des alts
Alors que Bitcoin s’installe, ou se vautre diront les mauvaises langues, dans son rôle de crypto de référence et d’étalon, l’innovation perturbatrice frappe à la porte de la technologie des registres distribués (DLT). Après Ethereum et ses contrats intelligents, voici désormais l’émergence de crypto-monnaies x.0. Elles ne reposent pas sur la chaîne de blocs, mais les graphes orientés acycliques. Un exemple bien connu est IOTA. RaiBlocks, qui a connu une croissance fulgurante ces dernières semaines, arrive sur le devant de la scène.
Le manque de confidentialité pousse également dans le dos les crypto-monnaies qui empêchent toute traçabilité comme Monero ou Verge. Il y a également les crypto-monnaies « transactionnelles » telles que Ripple et Stellar, qui ont fait plus que faire parler d’elles récemment. Il ne s’agit bien entendu que de quelques exemples qui tendent à illustrer que la concurrence est de plus en plus féroce alors que de nombreux projets prometteurs voient le jour, tandis que d’autres commencent à démontrer tout leur potentiel parmi les exemples cités ci-dessus.
Et si les investisseurs institutionnels et les banques s’en mêlent ?
Pour me faire l’avocat du diable… Un contre-argument valide consisterait à dire que si les investisseurs institutionnels et les banques d’investissement s’impliquent davantage dans le marché des crypto-devises (ce qui est un argument parfaitement recevable vu que des rumeurs affirment que Goldman Sachs serait en train de monter un trading desk crypto et que de plus en plus de sociétés qui conseillent les caisses de retraite et les hedge funds recommandent les investissements dans les crypto-monnaies à leurs clients), Bitcoin devrait être la première à en bénéficier. C’est probable, mais dans un tel scénario rien ne dit que ceux entrés plus tôt dans Bitcoin ne vont pas décider de prendre leurs profits pour se tourner vers les alts, ou que cette impulsion sera suffisante pour contrer la montée en puissance des crypto-monnaies secondaires.
En conclusion
L’indice de la Bitcoin dominance est au plus bas. Après avoir chuté à un peu plus de 38 % en juillet 2017, il a rebondi ensuite dans les mois suivants, mais jusqu’à 65 % seulement, soit bien loin des niveaux qui en faisaient le patron incontesté du secteur et qui étaient la norme depuis sa création. Depuis, il est reparti de plus belle à la baisse, les capitaux entrant sur le marché des crypto-devises prenant la direction des alts plutôt que du roi Bitcoin. BTC va-t-il se redresser comme il l’a fait à la fin du mois de juin 2017, ou poursuivre sur cette pente savonneuse ? Nous ne tarderons pas à le savoir.