Les créateurs de Bitcoin SV (BSV) estiment que leur devise digitale est en adéquation avec la vision de Satoshi Nakamoto, le créateur de Bitcoin. À ce jeu-là, ils sont beaucoup à prétendre au titre. Entre Bitcoin Cash (BCH), Bitcoin SV (BSV), Bitcoin (BTC) et autres ersatz, qui est le plus « Bitcoinisable » ?
Les séquelles du hard fork Bitcoin Cash
La fin de l’année 2018 a été marquée par le hard fork de la cryptodevise Bitcoin Cash à la mi-novembre qui a précipité la chute des cours des devises digitales. Cet hard fork était le point culminant d’une bataille médiatisée entre deux clans et a abouti à la création de l’altcoin Bitcoin SV, soit Bitcoin Satoshi’s Vision.
Craig Wright – qui prétend d’ailleurs être Satoshi Nakamoto – est aux manettes de cette nouvelle devise avec son acolyte Calvin Ayre. Début janvier, Bitcoin SV était à la 9ème position du marché des cryptos en termes de capitalisation au coude à coude avec Tron (TRX).
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— Bitcoin SV (@_BitcoinSV) 6 janvier 2019
BSV, le vrai Bitcoin ?
D’après Calvin Ayre, BSV serait donc le seul et unique légataire de la pensée de Satoshi Nakamoto. Pour reprendre ses propres mots :
« Bitcoin Satoshi Vision (BSV) est aujourd’hui le seul dérivé de Bitcoin qui suit le white paper original de Satoshi Nakamoto à savoir créer de l’argent digital échangeable de gré à gré. Bitcoin SV est la seule blockchain publique d’envergure qui conserve la vision initiale de Bitcoin en tant qu’argent digital rapide et sans intermédiaire. »
Une des critiques principales adressées à BCH par BSV est que la cryptodevise serait trop centralisée. Cette problématique est récurrente pour beaucoup d’altcoins. En outre, Bitcoin SV estime que certaines forces à l’oeuvre visent à empêcher une scalabilité optimale et potentiellement infinie de la blockchain.
Dans tous les cas, ni BCH, ni BSV, ni même BTC n’ont conservé le code original de Satoshi dans son intégralité et c’est bien normal. Dix ans après, il semblerait incongru de ne pas avoir évolué.
Les investisseurs fatigués des rivalités dans la cryptosphère
Les communautés de devises digitales gagneraient à cesser de se chamailler sur la place publique. C’est un peu comme si le PDG de Coca-Cola commençait à dire tout le mal qu’il pense de son homologue chez Pepsi. D’une part, cela n’intéresse personne et d’autre part, ça reflète un sentiment d’impuissance et de petitesse.
Craig Wright a en tous les cas l’art de susciter des réactions épidermiques au sein de la cryptosphère. Vitalik Buterin par exemple, co-fondateur de l’altcoin Ethereum (ETH), ne s’est pas montré tendre envers la cryptodevise Bitcoin SV et son fondateur sur Twitter.
Yeah no, I have my disagreements with the bitcoin roadmap, PoW, etc but they’re trying to do something that’s genuinely cool tech. BSV is a pure dumpster fire.
— Vitalik Non-giver of Ether (@VitalikButerin) 25 décembre 2018
Les acheteurs de crypto-monnaies ne devraient plus tolérer ces chamailleries. Il faut espérer que l’arrivée d’investisseurs institutionnels de poids en 2019 remette de l’ordre sur le marché.
Trop de cryptos tue les cryptos ?
Les devises digitales sont à la croisée de plusieurs mondes. Il y a d’une part les visionnaires et les rêveurs qui souhaitent réinventer notre économie et notre rapport aux devises en promettant une décentralisation totale. Il y a ensuite les programmeurs, codeurs et développeurs qui espèrent créer le code le plus performant possible et une blockchain inviolable, garante de ses promesses. Il y a ensuite les curieux et les convertis qui sont conquis par la technologie et souhaitent utiliser la crypto-devise au quotidien peut-être également par ras-le-bol ou défiance des autorités établies, sujet diablement dans l’air du temps. Enfin, il y a les investisseurs qui comprennent le potentiel des devises digitales et souhaitent bénéficier des retombées économiques éventuelles. La plupart d’entre eux espèrent bien évidemment des gains en monnaies traditionnelles.
Vous l’aurez compris, les intérêts de chacun divergent. Si pour les puristes, le code est synonyme de dieu, pour les investisseurs, ce qui compte est quelle monnaie digitale emportera les faveurs.
Une seule chose est certaine, la surabondance des altcoins nuit à tous car les esprits brillants sont dispersés entre communautés et le grand public ne sait plus quelle cryptodevise choisir. Il faut espérer que certains jetons disparaissent définitivement en 2019 pour permettre aux projets solides de remonter.
Pour ce qui est de Bitcoin SV, le cours du BSV est d’environ 90 dollars début janvier mais les volumes échangés sont très bas. La devise digitale se porte mieux que beaucoup ne l’avaient prédit mais ses promoteurs auraient intérêt à proposer une feuille de route solide pour 2019 plutôt que de se chamailler via Twitter. N’est pas Donal Trump qui veut.
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