Tandis que le marché commence petit à petit à reprendre ses esprits, voici la petite histoire qui m’a amené dans le monde merveilleux des crypto-monnaies. Regrets, joies, déceptions… oubliez les véhicules d’investissement traditionnels, c’est un monde à part. L’essayer c’est l’adopter, comme on dit, même si ce n’est pas sans risque. Cœurs fragiles, abstenez-vous. Boulimiques à l’adrénaline, vous allez vous régaler !
Mes débuts dans les crypto : une cagette à légumes
Au départ, rien ne me prédestinait à investir dans les crypto-monnaies. Depuis 2008, je cumule les déboires bancaires (j’en suis à trois occurrences de compte bloqué suite à des petits problèmes de liquidités de mes différentes institutions ; comment je fais ? je n’en ai aucune idée, il faut croire que je leur porte chance). Cela me pousse à m’intéresser à l’économie, aux politiques monétaires. Ce que je découvre me plonge dans un effroi total, bien pire qu’une correction de Bitcoin de 50 %. Je vous passe les détails, mais je commence à investir dans l’or.
Tout bon goldbug qui se respecte lit Zero Hedge. C’est via ce média iconoclaste américain que je découvre Bitcoin. « Être ma propre banque » ? Voilà une proposition qui me plaît. Vu que j’aime également la technologie (à l’époque, ma carrière précédente de programmeur était encore fraîche), je commence à creuser le sujet et découvre le mining. J’achète de ce pas deux cartes graphiques, une bonne alimentation pour soutenir la charge et une carte-mère. Le tout est monté sur une cagette à légumes à peine propre à l’aide de tortillons. J’allume mon « rig » bien pourri avec un tournevis. Je n’ai pas de photo, c’est dommage. Cette œuvre d’art contemporain fait de l’argent. Le monde est fou.
Mais l’expérience s’arrête après quelques mois. J’ai oublié la raison. Vacarme des ventilos (ou panique de ne plus les entendre, ça a planté !) ? Facture d’électricité qui augmente substantiellement ? Crash de Bitcoin ? Je ne sais plus. Je convertis tout ce que j’avais récolté avec mon rig en Litecoin, Feathercoin et Cie en Bitcoin, je mets le tout sur mon portefeuille et je poursuis ma vie. Je suis de loin les turpitudes de Bitcoin, j’en utilise pour des achats en ligne de jeux vidéo (si j’avais su à l’époque que payer mes keys en BTC allait être au final plus cher que la version physique payée en euros…). Car oui, à l’époque il ne fallait pas attendre 5 heures pour qu’une transaction soit validée ou payer des frais à 2 chiffres. C’était il y a bien longtemps. Puis, un beau jour, mon MultiBit se plante. Ce n’est pas la première fois, mais la réinitialisation de la chaîne de blocs ne donne rien. Je finis par abandonner.
Bitcoin perd la boule en 2017
Vient alors 2017, une année complètement folle pour Bitcoin. BTC franchit la barre des 1 000 $, puis des 2 000, 3 000. Plus il grimpe, plus la hausse s’accélère. Les investisseurs dans les cryptos jubilent, ceux qui ne peuvent blairer BTC sont fous de rage. « Regardez, c’est pire que la bulle des tulipes. C’est scandaleux, tout va péter, fuyez… » Sur Zero Hedge, c’est la guerre de tranchées entre les goldbugs hardcore et les autres. Ceux qui prédisent Bitcoin à 10 000 $ d’ici la fin de l’année sont traités de fous.
Pour être honnête, j’en faisais partie. Je me suis dit : « les mecs ont perdu la tête, il est temps d’empocher des sousous, ça va péter. » Comme par miracle, je trouve la solution à mon problème de wallet. Direction une plate-forme d’échange pour récupérer mon magot.
Et la lumière fut
Avant de retirer de l’argent, je commence à me replonger dans ce monde fou. J’ai du mal à croire ce que je découvre. À côté de Bitcoin et de blagues comme Doge, le monde des « crypto-monnaies » s’est mué en un écosystème riche qui trouve chaque jour de nouvelles applications à la technologie des registres distribués. Serais-je passé à côté de quelque chose d’énorme ? Plus je creuse et plus j’ai envie de me taper la tête contre le mur d’avoir ignoré une opportunité qui s’offrait à moi durant des années. La couverture partielle et partiale des médias est en partie responsable, cependant je savais bien que je ne pouvais pas compter sur eux pour disposer d’une information pertinente. Je ne nie pas qu’il y a des trucs complètement surévalués, mais il y a aussi des opportunités incroyables. Pourtant, ce n’est pas ce qui me plaît le plus dans les crypto-monnaies. Chercher les petits bijoux dans ce fouillis me passionne, mais c’est surtout la communauté des crypto-monnaies que je trouve fascinante.
De « To the moon, when lambo… » à « c’est la fin »
Lorsque je débarque sur les forums dédiés aux crypto-monnaies, je n’en crois pas mes yeux. J’ai l’impression de me retrouver dans un immense bac à sable dans lequel des enfants jouent avec des sommes inouïes. Comprenez-moi, je suis à la base un investisseur dans l’or, quelqu’un qui est habitué à se baser sur les fondamentaux, à jouer sur le long terme et la patience. Je suis confronté à des gens qui se plaignent qu’un investissement dans la monnaie Machin n’a rapporté que 10 % en 3 jours. Chaque investisseur fait plus ou moins partie d’une communauté à laquelle il s’identifie. Je trouve ça puéril. Les GIF de fusées venant de décoller pour la Lune, les Lamborghini et autres mèmes… Puis on se prend au jeu, on le prend au second degré, c’est fun.
De club d’autocongratulation à groupe de soutien
En décembre, la valeur de presque toutes les crypto-monnaies explose. On se congratule, on projette déjà ce que l’on va faire avec nos profits futurs. Puis papa Noël est arrivé avec sa correction et ses chiffres rouges par milliers. On a rangé les combinaisons de cosmonaute au placard, place à la distribution industrielle de Prozac. De forum d’autocongratulation, CryptoCompare devient un groupe de support comme les Alcooliques anonymes. « Bonjour, je m’appelle Joachim. Moi aussi j’ai investi dans XRP » (note : c’est une punchline, j’ai eu la chance de sortir de XRP à temps ; mais rassurez-vous, je me suis pris bien des claques sur d’autres choses).
Les petits mecs comme vous et moi qui pensaient être des génies du trading au prétexte qu’ils avaient fait beaucoup d’argent à l’occasion du plus grand marché haussier de l’histoire de la finance font désormais grise mine. C’est la faute à Bitcoin, c’est la faute aux Coréens, c’est la faute à Tether ou à Toto : choisissez votre bouc émissaire. Apparemment, beaucoup n’ont pas suivi le conseil élémentaire qui est de ne pas investir plus que l’on peut se permettre de perdre. Ça repart, puis en janvier on a droit à bien pire. Certains jettent l’éponge. Les traders professionnels se frottent les mains.
Je joue avec mes profits Bitcoin et un peu d’euros que j’ai injectés comme si je pariais sur la victoire du Touquet au Paris Saint-Germain en coupe de France. Bien sûr, les perspectives de profit sont intéressantes. Mais pour moi les cryptos sont tout simplement devenues une passion. Plus que l’explosion de la bulle, c’est la fin de la récré que cela engendrerait qui me fait peur. Comme dirait Lafesse… pourvu que ca dure !