Alors que la Douma russe, la chambre basse du Parlement de la Fédération de Russie, travaille toujours pour l’adoption d’une législation sur les crypto-monnaies, le secteur privé est engagé dans des initiatives visant à créer une crypto-devise adossée au pétrole, le Neftcoin.
La société d’investissement Energia, dirigée par Igor Yusufov, ancien ministre de l’Énergie de la Fédération de Russie, a mis au point une crypto-monnaie adossée au pétrole. La feuille de route du projet est en phase finale. Cependant, il est difficile de progresser davantage sans un cadre législatif.
Le Neft-coin peut-il réellement voir le jour ?
Selon M. Yusufov, Neft-coin permettra à la Russie d’échapper aux sanctions imposées par les États-Unis et d’optimiser les échanges de pétrole en supprimant les risques liés aux fluctuations des taux de change et aux coûts de transaction.
Bien que cette crypto-monnaie liée au pétrole puisse s’avérer bénéfique pour la Russie et ses alliés de l’OPEP, qui contrôlent plus des deux tiers du marché pétrolier, la viabilité du projet est quelque peu discutable.
De nombreux experts craignent que la monnaie russe ne répète le sort malheureux de Petro, la cryptomonnaie vénézuélienne alimentée par les réserves de pétrole du pays. Petro n’est pas accepté comme moyen de paiement par les partenaires commerciaux du Venezuela. De plus, même les citoyens préfèrent rester à l’écart car la crypo-monnaie est contrôlée par le gouvernement.
Dans le même temps, la création d’une cryptomonnaie pour échapper aux sanctions américaines est devenue une tendance à la mode chez les pays de la liste noire de Washington. De nombreux experts en crypto estiment que ces développements vont promouvoir la monnaie numérique à grande échelle, même si les coins garantis par l’État échouent.
Banque Centrale vs Parlement
Oleg Nikolayev, membre du Comité de la politique économique de la Douma d’Etat, a déclaré que l’assemblée russe avait mené la réglementation de la cryptomonnaie à sa phase finale. Contrairement à la position conservatrice de la Banque Centrale russe sur le bitcoin et d’autres monnaies virtuelles, Oleg a déclaré que la maison travaillait sur un cadre propice aux affaires pour l’intégration de ces actifs.
Il est probable que la Chambre adoptera la loi sur la crypto-réglementation d’ici mars, ce qui pourrait ouvrir la voie au gouvernement pour le lancement de sa monnaie numérique.
Alors que la Russie envisage de devenir un État respectueux de la crypto, le pays lance également son premier grand pari sur la blockchain avec une crypto-monnaie adossée au pétrole.
Une Cryptomonnaie pour contrer le Pétrodollar
Selon l’ancien ministre de l’Énergie, Igor Yusufov, la Russie est sur le point de lancer une version cryptomonnaie du pétrodollar.
Le fondateur de Fund Energy a déclaré qu’il cherchait à contourner les restrictions commerciales et autres restrictions financières. Il a également affirmé que d’autres pays producteurs de pétrole cherchaient également à accroître leurs exportations de pétrole et de gaz sans s’appuyer sur un pétrodollar indexé sur le dollar américain.
« Les pays membres de l’OPEP + contrôlent plus des 2/3 des réserves mondiales de pétrole. Une telle union dans leurs propres intérêts sera non seulement logique mais aussi économiquement justifiée. »
Les pays producteurs de pétrole, tels que la Russie, l’Iran et le Venezuela, font actuellement face à des sanctions économiques imposées par les Etats-Unis et le Président Donald Trump. Le Venezuela, par exemple, a tenté de contourner les sanctions et a annoncé sa crypto-monnaie basée sur le pétrole, Petro. Cependant, le Président Trump a signé un décret interdisant toute transaction financière en dollars US impliquant Petro.
D’autre part, la Russie semble plus prudente quant à l’expansion de son projet de crypto-pétrole. Yusufov a annoncé qu’ils lanceraient d’abord le projet de crypto-pétrole dans les pays de la CEI (Communauté des Etats Indépendants). Cette approche minimiserait l’interférence des États-Unis dans leur plan. En même temps, cela permettrait au gouvernement de mettre en place un cadre préalable entre les producteurs d’énergie et les consommateurs de la CEI.
« À cet égard, il ne faut pas oublier l’actuel accord intergouvernemental entre la Fédération de Russie et le Turkménistan sur la coopération dans le secteur du gaz jusqu’en 2028 et le contrat correspondant pour l’achat de gaz turkmène par Gazprom », a expliqué M. Yusufov. « Par conséquent, dans le cas du projet, un tel centre peut devenir le premier centre mondial de crypto-monnaie avec une sécurité réelle. »