Si beaucoup de particuliers qui ont investi en cryptomonnaies ont les yeux rivés sur le marché, il ne faudrait pas oublier que les devises digitales ont bien d’autres fonctions qu’un simple véhicule d’investissement. En lançant Dash Text au Venezuela au début du mois, Dash espère donner accès aux devises digitales au plus grand nombre. Une bonne nouvelle ?
Accès bancaire au Venezuela et cryptomonnaies
Nul besoin de rappeler la situation économique catastrophique au Venezuela qui a poussé à l’exode une partie significative de la population. Un certain nombre de Vénézuéliens se sont donc tournés vers les crypto-monnaies afin de contrer la dévaluation de leur monnaie nationale.
D’après plusieurs sources, le Venezuela est d’ailleurs l’un des pays avec le taux de pénétration de devises digitales le plus important. Beaucoup de citoyens achètent du Dash comme alternative à leur devise officielle.
Au-delà de la crise existante, il faut se mettre dans le contexte des habitants de pays comme le Venezuela pour comprendre l’engouement des cryptomonnaies.
En Amérique du Sud et Amérique centrale, une partie significative de la population vit encore sans compte bancaire, uniquement avec de l’argent liquide. Pour ceux qui ont un compte, un simple transfert domestique interbancaire peut coûter cher, souvent 10 dollars environ. Comptez 25 dollars si un membre de votre famille vous envoie de l’argent depuis les États-Unis.
Les guichets d’une banque dans la région rappellent ceux que nous connaissions au siècle passé avec leurs files d’attente interminables. Mieux vaut prévoir la matinée pour envoyer un virement car avoir accès à un système de banque en ligne est loin d’être facile.
Bref, au-delà de la crise actuelle au Venezuela, les cryptomonnaies offrent des solutions concrètes à des problèmes rencontrés quotidiennement par la population.
Lancement de Dash Text
Lancé début novembre, Dash Text est un service ayant pour vocation de permettre d’envoyer et de recevoir des Dash via SMS. Ce service développé par BlockCypher a pour but de permettre à toute une frange de la population – qui n’a pas accès permanent à internet – d’utiliser Dash.
Si ce système peut paraître désuet, voire susciter des questions quant à la sécurité d’un point de vue européen, il n’est pas rare de payer par SMS dans ces régions où la débrouille fait encore loi. Exemple le plus évident, vous pouvez envoyer des recharges téléphoniques par SMS.
Le service Dash Text est gratuit mais il faut ajouter les coûts de l’opérateur mobile.
Une bonne chose pour les Vénézuéliens ?
En théorie, l’alternative Dash est une opportunité fantastique pour les Vénézuéliens. Utiliser une cryptomonnaie plutôt que le sacro-saint dollar américain permet de prendre ses distances par rapport à l’Amérique de Trump. Cependant, la volatilité exacerbée du marché des devises digitales est problématique pour ce genre d’application. Avec une population déjà précarisée, on peut légitimement se demander si un stablecoin tel le Paxos Standard (PAX) ou encore le Gemini Dollar (GUSD) ne ferait pas mieux office.
Le pari sera gagné pour Dash si les Vénézuéliens ne vendent pas massivement leurs actifs en cryptomonnaie en voyant le cours du marché diminuer. Cependant, il semble peu probable que la population ait la sagesse et le luxe nécessaires pour rester sereins face à un cours du Dash malmené. Si le principe est excellent, n’oublions pas que l’enfer est pavé de bonnes intentions.
Ceci dit, les Vénézuéliens n’ont plus grand-chose à perdre et pourraient bien devenir pionniers d’un nouveau modèle économique. Et si on se donnait rendez-vous dans dix ans ?