Une des critiques qui revient le plus souvent en ce qui concerne le Bitcoin et les crypto-monnaies en général concerne la possible utilisation dans le cadre d’activités illégales et de financement du terrorisme.
A ce propos, une nouvelle étape a été récemment franchie, les djihadistes tentant à nouveau de collecter des fonds via le Bitcoin, et cette nouvelel tentative semble mieux fonctionner que les précédentes.
On pouvait en effet apprendre la semaine dernière que l’aile militaire du Hamas, connue sous le nom de « brigades al-Qassam », a appelé ses partisans à effectuer des donc en Bitcoins pour participer au financement du groupe et de ses activités.
Peu après avoir annoncé son intention de procéder à un financement participatif via le Bitcoin, les brigades al-Qassam ont publié des infographies au sujet du Bitcoin sur les réseaux sociaux et ont fourni une adresse Bitcoin à laquelle les donateurs peuvent envoyer des fonds.
En l’espace d’une journée, le portefeuille numérique (Wallet) du Hamas a reçu environ 900 dollars US, bien qu’il faille noter qu’il est également possible que ces dons viennent du Hamas lui-même.
On a pu constater que la plupart des dons ont été inférieurs à 100 dollars, bien que quelques-uns aient été plus importants. Quelques jours plus tard, le groupe a ensuite publié une adresse Bitcoin supplémentaire. Le succès a été encore plus grand, ses portefeuilles ayant reçu plus de 2 500 dollars de Bitcoin en moins d’une semaine.
Les groupes terroristes progressent de plus en plus dans leur utilisation du Bitcoin
Quelques milliers de dollars peuvent sembler relativement modestes, mais il est intéressant de recevoir ce montant si rapidement, surtout si les dons continuent à ce rythme pendant une durée indéterminée.
De plus, quelques jours après l’annonce des brigades al-Qassam, des informations selon lesquelles d’autres groupes militants palestiniens auraient lancé des campagnes de dons en Bitcoin ont été révélées.
Le Hamas a par ailleurs su se montrer pédagogue, en tenant compte du fait que beaucoup de ses partisans et donateurs potentiels ne connaissent pas grand chose au monde des crypto-monnaies.
Le groupe a ainsi publié une vidéo intitulée «Comment acheter des bitcoins» dans le cadre de sa campagne de récolte de dons, afin d’apprendre aux donateurs potentiels les différentes étapes, de la conversion de monnaie en Bitcoin, jusqu’au transfert vers le Wallet.
On pourrait critiquer ce choix du Bitcoin de la part du Hamas, notamment en matière d’anonymat. Il ets en effet de notoriété publique que les transactions en Bitcoin sont publiques et peuvent être suivies et analysées.
De plus, la plupart des plateformes d’échange de crypto-monnaies exigent sous une forme ou sous une autre une vérification d’identité des clients, ce qui permet aux autorités financières de disposer d’une «trace papier» numérique qu’elles peuvent utiliser pour déterminer l’identité ou la localisation des donateurs.
Malgré tout, bien que d’autres crypto-monnaies soient plus adaptées à la protection de l’identité, le bitcoin reste la principale crypto-monnaie utilisée dans le monde de la cybercriminalité, ce qui est lié au fait que les crypto-monnaies les plus protectrices en terme d’anonymat sont plus difficiles à se procurer, notamment sur les plateformes d’échange les plus connues.
D’ailleurs, les pirates informatiques qui développent des attaques par ransomware demandent eux aussi des paiements en Bitcoins la plupart du temps, sachant que choisir le Bitcoin augmente leurs chances de recevoir rapidement des fonds, de par sa plus grande accessibilité.
Que peuvent faire les autorités, notamment américaines, pour contrer cette tentative de financement ?
Avec l’essor des crypto-monnaies en 2017 et 2018, le Trésor US a développé des moyens de contrôle et d’investigation, et devrait ainsi être capable d’identifier rapidement le Wallet des brigades al-Qassam.
Bien que l’identification d’un portefeuille n’entraine pas sa fermeture et ne rende techniquement pas impossible les envois de fonds, cela encourage les plateformes d’échanges de crypto-monnaies dans le monde entier à signaler l’adresse et à signaler aux autorités toute transaction correspondante sur leur plate-forme, s’ils souhaitent éviter des sanctions américaines.
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