Mardi, le géant des médias sociaux Facebook a dévoilé les plans d’une nouvelle cryptocurrency appelée Libra, soutenue par une foule d’entreprises dont Visa et PayPal, qui fonctionnerait comme un moyen de paiement numérique sur sa plateforme.
D’autres partenaires du projet incluent eBay, Uber et Spotify, ce qui indique que Libra pourrait éventuellement être accepté comme paiement sur leurs plateformes également.
Certains experts voient dans ce lancement du Libra une mise en avant de l’ensemble du marché des crypto-monnaies.
Cependant, Brian Kelly, fondateur et PDG de BKCM et expert résident en bitcoin sur l’émission ” Fast Money ” de CNBC, qui a déclaré qu’il y a quelques différences cruciales entre le Libra et une crypto-monnaie comme le bitcoin.
Libra = Dollar numérique, Bitcoin = Or numérique
“Ce que fait le Libra, c’est créer une version numérique du dollar américain, du yen, de l’euro. C’est comme une monnaie stable, mais vous avez toujours toutes les caractéristiques d’une monnaie fiduciaire “, a estimé Kelly mardi dans “Fast Money”.
Selon lui, le “Bitcoin est de l’or numérique. Et, à mon avis, c’est probablement beaucoup mieux que l’or, mais il n’y a pas de tiers de confiance impliqué, et c’est la grande différence.”
Avec le Libra, les utilisateurs de Facebook pourront échanger leurs dollars contre des jetons Libra, confiant ainsi à Facebook et à ses partenaires financiers la tâche d’établir un registre fiable de toutes les transactions, a expliqué Kelly.
Peut-on faire confiance à Facebook?
“Vous devez faire confiance à Facebook pour qu’il garde ces dollars, qu’il tienne le registre et que votre jeton va valoir quelque chose”, dit-il.
Cette confiance définit la principale différence entre les crypto-monnaies comme bitcoin et Libra. Les acheteurs de bitcoin n’ont pas besoin de confier leur argent ou leurs informations à un tiers, alors que les utilisateurs du Libra devront faire confiance à l’entreprise qui a peut-être été la plus affectée par les problèmes de confiance et de confidentialité ces dernières années : Facebook.
“Le Bitcoin supprime ce tiers de confiance, et c’est bien cela la révolution apportée par les cryptos. Vous désintermédiez les services financiers “, a dit Kelly.
“Le bitcoin n’a pas besoin de confiance. Vous n’avez pas besoin de croire que quelqu’un va vérifier son registre ; vous pouvez le faire vous-même.”
L’adoption de masse des cryptos favorisée par le Libra?
Cependant, le Libra pourrait ouvrir la porte aux consommateurs pour qu’ils puissent examiner le marché de la crypto-monnaie d’une manière plus sérieuse, a-t-il dit.
“C’est un grand pas en avant. Facebook va avoir un beau portefeuille que tout le monde pourra se procurer. C’est facile à utiliser, dit-il.
“Cela permet de valider la technologie et d’impliquer les gens. Pour moi, c’est comparable à ce que AOL a apporté à l’utilisation de l’Internet : AOL vous a mis en ligne, le Libra va vous mettre dans la crypto.”
Des oppositions gouvernementales
Toutefois, la voie empruntée par Facebook ne manque pas de susciter des inquiétudes, et rencontre même une certaine méfiance d ela part des gouvernements.
Aux Etats-Unis, le Comité sénatorial des banques, du logement et des affaires urbaines tiendra d’ailleurs une audience le 16 juillet au sujet de la nouvelle crypto-monnaie de Facebook, Libra.
L’audience, intitulée ” Examen des considérations proposées par Facebook en matière de monnaie numérique et de protection des données personnelles “, fait suite aux appels lancés par des membres du Congrès en vue d’examiner de plus près leprojet et ses risques potentiels. Des appels ont même été lancés pour que l’on arrête les travaux sur le projet jusqu’à la tenue des audiences.
À la lumière de ces commentaires, un représentant de Facebook a déclaré que ” nous avons hâte de répondre aux questions des législateurs au fur et à mesure que ce processus avance “.
Il est donc possible que d’intéressants détails sur le fonctionnement du Libra soient dévoilé à ce moment, qui sera diffusé en direct auprès du grand publié aux Etats-Unis.
Notons que Elizabeth Warren, membre du Comité en question, a récemment tweeté :
“Facebook a trop de pouvoir et un bilan terrible en matière de protection de nos renseignements personnels. Nous devons les tenir responsables, pas leur donner la chance d’accéder à encore plus de données sur les utilisateurs.”
On peut donc s’attendre à ce que Facebook ne soit pas trop ménagé lors de cette audition…