Libra pourrait entrainer des tensions politiques avec la Chine

Libra pourrait entrainer des tensions politiques avec la Chine

By Benson Toti - Minute de lecture
Mis à jour 01 August 2022

La crypto-devise de Facebook (Libra) pourrait soutenir des tensions politiques entre les États-Unis et la Chine d’après un responsable de la Banque Central de Chine (PBOC) car Libra pourrait « constituer une menace pour son pays ».

Wang Xin, directeur de la division de recherche du PBOC, aurait déclaré cette semaine que l’utilisation du stable coin de Facebook comme monnaie pourrait avoir une influence non négligeable sur les politiques monétaires, puisque la devise virtuelle du réseau social pourrait être dominée par le Dollar Américain. 

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Cette situation pourrait soutenir les tensions géopolitiques et commerciales entre les deux pays

« Si Libra est largement utilisée pour les paiements, en particulier les paiements transfrontaliers, pourrait-elle fonctionner comme une monnaie et avoir une grande influence sur la politique monétaire, la stabilité financière et le système monétaire international ? » se demandait Wang Xin dans le journal South China Morning Post.

« Si la monnaie numérique est étroitement associée au dollar américain, cela pourrait créer un scénario dans lequel les monnaies souveraines coexisteraient avec les monnaies numériques centrées sur le dollar américain » avait ainsi déclaré Wang Xin. 

« Mais il y aurait essentiellement un seul patron, à savoir le dollar américain et les États-Unis. Si c’était le cas, cela aurait une série de conséquences économiques, financières et même politiques internationales » a-t-il ajouté.

La banque centrale chinoise continue de travailler sur sa propre crypto-devise

En réponse aux incertitudes autour de la crypto-monnaie de Facebook et aux risques qu’elles pourraient poser à la stabilité des relations entre les deux pays, la PBOC a reçu l’aval de l’administration chinoise pour travailler au développement d’une monnaie virtuelle de banque centrale.

Cette crypto-devise de banque centrale pourrait remplacer l’argent liquide de la population chinoise, ce qui permettrait à Pékin de contrôler davantage son système financier et de mieux lutter contre la fraude, la corruption et le blanchiment d’argent (mais aussi de mieux surveiller la vie privée et les habitudes de consommation de sa population).

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La Chine n’est pas le seul pays à avoir des doutes sur Libra

Comme rapporté par Bloomberg, l’Inde a également émis des doutes quant à la façon dont le stable coin de Facebook sera constitué ou utilisé. 

D’après le secrétaire aux Affaires économiques du ministère des Finances en Inde, Subhash Garg, « la conception de la monnaie Facebook n’a pas été entièrement expliquée. Mais quoi que ce soit, il s’agirait d’une crypto-devise privée et ce n’est pas quelque chose avec laquelle nous avons été à l’aise ». En effet, l’Inde ne permet pas l’utilisation des crypto-devises. Le pays envisagerait même d’interdire totalement les devise virtuelles avec une peine de 10 ans de prison.

Alors que la devise numérique de Facebook devrait viser en particulier les personnes non-bancarisées pour leur donner accès à des services financiers de base, une interdiction de Libra en Inde pourrait affecter son succès alors que l’Inde abrite la deuxième plus grande population non-bancarisée au monde et 260 millions d’utilisateurs de Facebook.

Selon les chiffres de la Banque mondiale, l’Inde serait aussi le plus grand pays du monde a recevoir des fonds de l’étranger que les migrants étrangers envoient à leurs familles pour un montant ayant atteint 79 milliards de dollars en 2018 (chiffre en hausse de 14%).