Bitcoin a introduit en 2009 le concept révolutionnaire de la chaîne de blocs, un système de registre distribué qui permet de stocker et de mettre à jour des bases de données transactionnelles de façon décentralisée. Mais avec le succès de la blockchain sont apparues ses faiblesses et ses limitations. D’où l’émergence de crypto-monnaies articulées autour d’un concept innovant : le graphe orienté acyclique.
Les faiblesses de la chaîne de blocs
Sans entrer dans des détails trop techniques, l’architecture linéaire de la chaîne de blocs signifie qu’elle présente des problèmes de « scalability », soit en français d’utilisation à plus grande échelle. Le nombre de transactions qui peut être traité est limité par la taille des blocs et la vitesse à laquelle ceux-ci sont traités. Bitcoin est en mesure de gérer environ 3 transactions par seconde maximum. Les forks comme Bitcoin Cash ont augmenté la taille des blocs (de 1 MB pour BTC à 8 MB pour BCC) pour permettre de traiter davantage de transactions. Mais cette mesure ne résout pas le problème de fond de la scalabilité, notamment en cas d’adoption d’une crypto-monnaie en tant que moyen de paiement du quotidien similaire aux cartes de crédit, ou pour supporter le développement de l’Internet des objets (IOT).
Une solution ? Le graphe orienté acyclique (DAG)
C’est pourquoi certains développeurs spécialisés dans la chaîne de blocs se sont mis à explorer de nouveaux concepts. Notamment le graphe orienté acyclique, qui est utilisé par le Tangle de IOTA, RaiBlocks, Byteball et bien d’autres petites nouvelles qui commencent à voir le jour, comme IoT Chain.
Avec un DAG, les transactions ne doivent plus être traitées dans des blocs, de façon linéaire. Les transactions créent un maillage multidirectionnel en « s’accrochant les unes aux autres ». Avec ce concept, la validation ne se fait pas par les mineurs, mais par les transactions elles-mêmes : elles se valident les unes les autres. Ce qui suppose des temps de traitement bien plus courts et une scalabilité quasi infinie. Ce concept peut être visualisé via ce site : http://tangle.glumb.de/.
La montée en puissance des crypto-monnaies à DAG
Durant le mois de décembre, IOTA est passé sur le devant de la scène en étant propulsé dans le top 5 du classement des valeurs de marché des crypto-monnaies. Pour se replier par la suite, mais devenir un membre permanent du top 10. Grâce au succès de IOTA, qui a suscité l’intérêt de nombreuses grandes sociétés comme Bosch ou Fujitsu, les autres monnaies à graphe orienté acyclique ont connu une ascension fulgurante. C’est notamment le cas de RaiBlocks, dont la valeur de marché a grimpé jusqu’à plus de 4,5 milliards de dollars avant le crash du marché de janvier. Byteball profite également de la montée en puissance des monnaies DAG, ainsi que l’une des dernières venues, IoT Chain.
Les avantages concrets de ces crypto-devises 2.0
Cette architecture unique comporte de nombreux avantages :
- Scalabilité théoriquement infinie
- Frais de transactions nuls (IOTA) ou infimes
- Rapidité (quelques secondes maximum)
- Pas de minage (crypto-monnaie respectueuse de l’environnement)
- Pas d’ajustement de la difficulté
Les partisans de la chaîne de blocs reprochent néanmoins à ces crypto-devises de ne pas être décentralisées. Il s’agit selon moi d’un faux problème vu que les monnaies théoriquement décentralisées le sont de facto en raison de la position monopolistique détenue par les mineurs les plus puissants. Personnellement, je préfère savoir clairement qui est l’autorité derrière une crypto-monnaie et quels sont ses objectifs, plutôt que de dépendre de mineurs. L’efficacité prime également. Cela fait des lunes que je n’ai pas acheté de BTC, car je ne souhaite pas payer 50 dollars pour en envoyer. Mais cela n’engage que moi…
Les perspectives ouvertes par le graphe orienté acyclique
Avec un tel concept, on peut vraiment viser la démocratisation des crypto-monnaies sur le marché des moyens de paiement. Si IOTA tient toutes ses promesses (car pour l’instant le projet est toujours en version bêta), nous pourrons profiter de transactions immédiates et gratuites, dont la vitesse de traitement ne dépend pas de l’activité sur le réseau. Mais l’objectif est surtout d’ouvrir de nouveaux marchés, en particulier celui de l’Internet des objets (IdO). Un marché qui devrait être l’un des grands thèmes de la scène FinTech dans les années à venir.
La technologie de la chaîne de blocs décentralisée de type PoW est-elle menacée ?
Si elle ne parvient pas à mettre en place des solutions de type Lightning Network, clairement. C’est lent et très cher. Pour Bitcoin, l’idée semble avoir été abandonnée, BTC voyant apparemment son avenir en tant que réserve de valeur. Augmenter la taille des blocs, comme l’a fait Bitcoin Cash, n’est qu’une solution à court terme. Du côté d’Ethereum, il y a des projets connexes tels que Raiden Network qui visent à régler ces problèmes, mis au jour par d’innocents chatons virtuels. D’autres cryptos, comme Stellar et Ripple, offrent déjà une solution éprouvée qui permet d’exécuter une transaction en quelques secondes pour des frais s’élevant à quelques centimes. La menace est donc bien réelle en l’absence d’évolutions.