Les tokens à dividendes, nouvelle tendance des crypto-monnaies

Les tokens à dividendes, nouvelle tendance des crypto-monnaies

By Benson Toti - Minute de lecture
Mis à jour 01 August 2022

Dans un article précédent consacré à la problématique de la valorisation, je vous avais parlé de la distinction à faire entre les différents types de crypto-monnaies. En ce qui concerne les tokens utilisés en réseau fermé, cette question de la valorisation particulièrement épineuse est régulièrement soulevée par les investisseurs les plus consciencieux. Certains émetteurs ont décidé de les entendre en proposant de verser aux détenteurs des tokens une rétribution, que l’on pourrait qualifier de dividende.

L’inconvénient du token par rapport à une action

Le problème est le suivant : lorsque vous achetez une action, vous recevez des droits, comme le droit de voter lors des assemblées générales, le droit de percevoir des dividendes. Mais lorsque vous achetez un token, dans l’immense majorité des cas votre unique droit est de pouvoir le vendre.

S’il s’agit d’une ICO, vous financez le développement d’une entreprise, mais vous n’obtenez rien en retour si ce n’est vos tokens. Alors que si vous achetez des titres à l’occasion d’une IPO, vous bénéficiez des droits mentionnés en début de paragraphe. Les investisseurs sur les crypto-monnaies qui spéculent avant tout s’en moquent : l’objectif est d’acheter pas cher et de vendre lorsqu’un pic aura lieu. Mais pour les investisseurs qui croient dans le futur des sociétés qui se développent via ces jetons et qui les appréhendent comme un investissement à long terme, ils souhaitent davantage.

Certains affirment que la popularité d’un service payé uniquement en crypto-monnaie native provoquera une hausse organique de la demande de ce token. Cette demande débouchera selon eux sur une augmentation de sa valeur. Ce qui offrirait ainsi le rendement escompté par les investisseurs, sans nécessité de mettre en place un mécanisme de redistribution des profits. Ce scénario reste néanmoins à être validé par les faits. Car si les coûts d’un service sont exprimés en euros ou en dollars (ce qui sera le cas, car personne n’acceptera de payer en une devise volatile), la valeur du token n’a pas d’importance. Concrètement, si je dois payer 5 € pour un bien ou un service en tokens, que celui-ci ait une valeur de 0,1 ou 100 € n’a aucune espèce d’importance. S’il vaut 0,1 €, j’en achète 50, s’il vaut 100 € j’en achète 0,05 et je paie.

Empocher des dividendes
Et si on empochait des sous avec nos cryptos ? Source Pixabay

Seule la thésaurisation de ces tokens par des « hodlers », justifiée par la perspective que leur valeur va augmenter, peut encourager des investisseurs à se manifester sur le marché pour faire monter les prix. Un environnement hautement inflationniste encouragerait cette thésaurisation, mais on en est actuellement loin. Pour obtenir cet environnement positif pour la valorisation des jetons, offrir un rendement sous quelque forme que ce soit est l’approche la plus efficace. On la retrouve d’ailleurs dans de plus en plus d’ICO.

Les crypto-monnaies qui offrent un rendement

Outre les crypto-monnaies au sens strict du terme qui génèrent des intérêts (comme DigitalNote, Rebellious et d’autres), vous pouvez obtenir une rétribution grâce à certains tokens. Il ne s’agit pas d’une liste exhaustive, mais voici quelques crypto-monnaies que je connais et qui disposent de cette caractéristique :

  • Caviar : ce token en ICO, dont la valeur est adossée à un fonds mixte immobilier/cryptos, permet de percevoir 75 % des profits engendrés par le fonds, tous les 3 mois.
  • Bankera : cette future banque, qui intègre dans ses solutions de paiement les crypto-monnaies, redistribue 20 % de ses profits transactionnels aux détenteurs des jetons.
  • Taas : fonds d’investissement dans les crypto-monnaies. 50 % des bénéfices sont distribués chaque trimestre aux détenteurs des jetons.
  • DIGX DAO : les détenteurs des tokens DIGX DAO perçoivent une partie des frais de stockage de l’or qui soutient la valeur de la crypto-monnaie DIGIX.

La problématique posée par les crypto-monnaies à dividendes

Va-t-on assister à la généralisation de ce modèle ? Rien n’est moins sûr. Certains émetteurs sont réticents à l’adopter, pour des raisons juridiques. En offrant ce que l’on peut qualifier de dividende, le jeton pourrait tomber sous le coup de la législation qui encadre les titres. Personnellement, j’ai tendance à privilégier ce genre de crypto-monnaie lorsque je fais des ICO, mais je suis bien conscient du risque légal d’une telle approche. D’où la nécessité pour les grandes nations de ce monde d’enfin statuer sur la question du statut juridique des crypto-monnaies une bonne fois pour toutes.

D’autres émetteurs ont choisi une méthode itinéraire bis pour offrir du rendement en soutenant le prix des tokens émis, qui s’apparente au rachat de titres. Au lieu de distribuer directement des dividendes aux propriétaires des jetons via les bénéfices engrangés, ceux-ci sont utilisés pour racheter sur le marché des tokens, qui sont ensuite détruits. Ce qui provoque une hausse mécanique du prix de la crypto-monnaie, selon l’offre de la loi et la demande, qui récompense les investisseurs. Sans risque de se faire taper sur les doigts par les régulateurs. D’ici quelques jours, je rédigerai un article consacré à ces crypto-devises que l’on peut qualifier de déflationnistes et que j’apprécie particulièrement.