Fait inédit sur le marché des crypto-monnaies, le Vénézuela a annoncé le lancement du petro, une monnaie virtuelle indexée sur le baril de pétrole.
Investir dans les cryptomonnaies en 2018 pourra désormais passé par les états, notamment celui du Vénézuela, une révolution.
Alors qu’officiellement cinq milliards de dollars ont été levés, le petro serait incompatible avec la nature même des crypto-monnaies, qui sont par définition décentralisées et non régulées. Le Vénézuela utilise t’il des moyens détournés pour rembourser sa dette et éviter l’embargo américain ? Analyse.
Une monnaie indexée sur le baril de pétrole
Le Vénézuela devrait émettre au total 100 millions de petros: 82,4 millions seront mis en vente le 20 mars prochain à 60 dollars l’unité, et les 17,6 % restants mis en réserve par l’État. L’opération devrait permettre de lever plus de 5 milliards de dollars américains.
Alors que les autres monnaies virtuelles sont purement spéculatives le petro aura une valeur intrinsèque car il sera indexé sur la baril de pétrole. Pour rappel Caracas dispose des réserves de pétrole les plus importantes au monde, soit 300 millions de barils.
Un moyen détourné de rembourser ses dettes?
Le Vénézuéla est confronté à un dilemme: le pays surendetté a désespérément besoin d’argent frais pour rembourser ses emprunts. Mais en raison des sanctions économiques européennes et américaines, il lui est impossible d’obtenir des capitaux.
Le petro apparaît donc comme une émission de dette déguisée face aux embargos que subit le pays. Certes, cinq milliards de dollars font pâle figure face à une dette nationale comprise entre 100 et 150 milliards de dollars. Mais cette initiative représente seulement le début d’une grande histoire d’amour entre le pays et les crypto-monnaies.
Les crypto-monnaies pour combattre l’inflation
L’un des problèmes économiques majeurs du Vénézuela est l’inflation incontrôlable. Pour ce pays, les fluctuations extrêmes du cours du Bitcoin ne sont rien comparées à celle de la monnaie nationale, le bolívar.
L’idée serait de lentement imposer le petro comme une monnaie complémentaire stable, un moyen de paiement universel permettant de payer ses impôts ou ses transports en commun.
Un pays hautement dépendant du pétrole
Au Vénézuéla, le pétrole est à la fois un point fort et un point faible. L’économie repose exclusivement sur l’or noir, et toute chute du prix du baril entraîne une explosion de l’inflation. Ajoutez à cela des renversements politiques et des sanctions internationales, et vous obtenez un pays en crise.
Aujourd’hui les États-Unis interdisent à leurs entreprises et citoyens d’investir dans les actifs vénézuéliens liés au pétrole. Pour ce pays dos au mur, une levée de 5 milliards de dollars représente une aide inespérée.
Le petro est-il un feu de paille ?
Selon les experts, le petro manque de crédibilité et son existence même serait injustifiée. Certes il est adossé aux ressources pétrolières du pays qui sont tangibles, mais ces ressources ne sont pas mobilisables.
En effet, non seulement le pays est largement financé par la Russie et la Chine en échange d’or noir, mais le pétrole y est très difficile à exploiter et sa production a chuté de 29% en 2017. On peut donc douter des garanties sur lesquelles reposent le petro.